Stephen Crane


In the desert
I saw a creature, naked, bestial,
Who, squatting upon the ground,
Held his heart in his hands,
And ate of it.
I said: "Is it good, friend?"
"It is bitter - bitter," he answered;
"But I like it
Because it is bitter,
And because it is my heart."


Stephen Crane est mon "invité", un invité en forme de spectre car mort en 1900 à l'âge de 28 ans terrassé par une sinistre réalité de son époque, la tuberculose.

Si ce romancier-poète-journaliste au parcours éphémère est un "classique" de la littérature étasunienne, en France il est à ma connaissance un quasi inconnu. Alors pourquoi lui offrir cette modeste tribune ? Parce qu'au-dessus des qualités littéraires ou de l'intérêt de l'œuvre, il est question d'une affaire personnelle avec un livre de poche une étoile, édition de 1967. "La conquête du courage" son roman phare a atterri entre mes mains de quatorze ans par le plus commun des hasards, de ceux qui font que l'on retire un livre du rayonnage d'une librairie de quartier. À peine le temps de refermer la trouvaille, elle se trouvait déjà au panthéon de mon adolescence.

Mais à vouloir exhumer les parfums de sa jeunesse on prend toujours le risque d’en voir ressurgir de bien pauvres relents. Exceptée une odeur de poussière tenace et les affres d'une traduction qui fait son âge, les mots autant que l'esprit des mots n’ont pas trahi l’enthousiasme du jeune lecteur que j'étais.

Encouragé par la redécouverte de la "Conquête du courage" j'ai poursuivi la visite de l'œuvre de Stephen Crane avec le "Bateau ouvert", une nouvelle illustrée dans sa version française, et sur la toile, je me suis aussi laissé prendre aux mystères de sa poésie faite pour l'essentiel de textes bruts, resserrés et forts. Je compte terminer mon petit tour de Crane (désolé) avec son tout premier roman intitulé "Maggie fille des rues", récit cru et brutal de la déchéance d'une jeune new-yorkaise.

Né en 1871 à Newark – New-Jersey, écrivain à 20 ans Stephen Crane fait dans l'intensité, dans la finesse, dans la compréhension de l'humain et surtout dans le terriblement humain. Il y a pas mal de Fédor Dostoïevski et aussi un peu de Stephan Zweig dans sa manière d'aborder les questionnements essentiels. Cet auteur romanesque est aussi un poète reconnu outre-Atlantique. En cas de curiosité, on peut se contenter d'une bio succincte sur Wiki. Et si l'on trouve les moyens de rassembler un peu d'anglais il y a aussi possibilité de lire du Stephen Crane en version originale sur la toile et comme la plupart de ses écrits (romans et poèmes) sont libres d'accès, pourquoi se priver.

Stephen Crane est un écrivain à découvrir sans retenue, un auteur original et politiquement peu correct, un jeune homme qui ne mérite certainement pas la poussière.


Commentaires

  1. J'ai adoré ce roman, je l'ai déniché il y a peu chez un bouquiniste de Nancy, c'est cette vieille édition du Livre de poche. Je suis époustouflée par sa beauté et je prépare un petit article dessus sur mon blog.Je vais d'ailleurs le lire en anglas très bientôt (toutefois je préfère acheter le livre que de le lire sur écran).

    Une chose me fait sourire, dans votre profil: "naissance plutôt réussie". Vous en gardez un bon souvenir ? Ou alors votre maman n'a pas du tout souffert et l'on n'a pas eu besoin de forceps ? Ou bien vous considérez que l'humanité a progressé, s'est enrichie depuis votre venue en ce bas mond ? Ou alors vous voulez dire que vous étiez un adorable bébé très réussi, joufflu, souriant, toujours content? ...Pour la jeunesse, vous n'avez pas écrit "plutôt réussie"...J'espère que ce n'est pas, comme pour beaucoup de malheureux, le schéma suivant: enfance très réussie, jeunesse un peu abîmée, âge mûr calamiteux, vieillesse apocalyptique... Mais non...

    Amitiés

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