Quatre fleurs de peaux - 4 Nouvelles érotiques - 4 Ordonnances sensuelles


Quatre fleurs de peaux, c'est autant de brèves rencontres où la sensualité emporte tout sur son passage. Ce sont quatre nouvelles amoureuses conjuguées au féminin ou au masculin, quatre récits originaux qui s'inscrivent chacun dans un contexte singulier. Un musée où l'érotisme explose en silences. Un lac de montagne, décor d'une torride conquête des corps. Un austère Salon du livre vu comme une délivrance charnelle. Un cabinet d'astrologie grimpant au septième ciel des signes du zodiaque. 

Ce sont enfin de belles aventures humaines qui mettent chacune à l'honneur l'érotisme et l'imagination.

Distribué sur commande par TheBookEdition - 7,90€ - 82 pages




En préambule de Quatre fleurs de peaux

Il y a ceux — c’est l’apanage presque exclusif des hommes — qui ne voient à travers l’acte amoureux qu’un moyen de prendre possession. Ce sont les mêmes qui partant à l’abordage, se lancent en solitaire dans une guerre de conquête. Et à la fin des fins, ils érigeront fièrement un drapeau au sommet de leur ile, quitte à la délaisser une fois qu’ils l’auront totalement occupée.

Il en est d’autres, qui tous sexes confondus, se préfèrent en découvreurs d’altérité. Ce qui les anime, ce qui les pousse dans des régions inexplorées des corps et des âmes, ce qui transcende leurs désirs de se partager, tout cela porte le doux nom de sensualité.

Ce sont ces derniers que j’ai conviés ici. Ils sont passés entre mes lignes, comme on traverse le bonheur suave d’une pluie tropicale, en sublimant l’instant sans s’y attarder.


De nos silences

Une rencontre au musée en forme de jeu érotique entre deux collègues de travail. Un jeu où le silence fripon s'est imposé pour sublimer les sens. Un jeu comme une aubaine pour se caresser du regard de bas en haut(s) et bien au-delà.

Extrait

Je continuais à contempler les œuvres de l’artiste italien et leurs artéfacts originaux. En vérité, je ne voyais plus rien. Je percevais les effluves de son parfum comme elle devait sentir le mien. J’éprouvais la fraicheur de sa peau au point que je pouvais la confondre avec la mienne. Elle devait faire de même.

Alors, nous nous sommes collés l’un à l’autre autant que la décence nous le permettait. J’ai jeté un œil autour de nous. Exilé dans un recoin sombre de la grande salle, il n’y avait là qu’un gardien trop vouté, un homme distrait et plein d’ennui.


Le silence a le don d’ouvrir en grand la porte de nos sens. Si je la ressentais au plus profond, je devais aussi la voir. Alors, je baissais le regard sur ses jambes. Ses bas voiles et bruns se trouvaient être un puissant vecteur de désir. Ils m’appelaient.

Lucie n’a pas été dupe. Elle a accompagné ma main sur le nylon fin à hauteur de ses genoux. Mes doigts ont lentement remonté le fil de satin jusqu’à rencontrer une large frontière de dentelles que j’ai franchie avec allégresse. Sa petite jupe s’est pliée sans délai à ma volonté d’en savoir plus, de passer de mystère en mystère. Une fois le dernier rang d’arabesques délicatement brodées dépassé, ce fut la révélation de sa peau et ce n’est pas rien. Glisser de la douceur d’un bas à celle de la peau avec autant de différences que de magnifiques sensations est un sommet d’onctuosité, un intense moment de plaisir. C’est une gourmandise subtile, capable de vous bouleverser.



Eaux-fortes

Quand un élève prend sa professeure particulière par la main pour lui faire découvrir un sublime lac d'altitude. Lui, montagnard chevronné prêt à donner de sa personne. Elle, en désespoir de couple avec le besoin vital de s'offrir un grand moment d'extase, désireuse de se laisser guider jusqu'aux sommets pour enfin, se mettre à nu.

Extrait:
Après plus d’une heure de marche, le champ qui servait de parking était devenu une petite tâche grise perdue dans le lointain. Premier rapprochement. Premières ondes de chaleur lorsqu’il s’est glissé derrière moi, plaquant son torse bouillant tout contre mon dos. À travers ses jumelles, le bon samaritain voulait m’aider à retrouver les reflets dorés de sa voiture. Très vite, les premières gouttes de transpiration ont commencé à perler sur mon front. Puis nous avons mis nos sacs à terre et j’ai bu longuement à la gourde qu’il m’a tendue. Je me suis bien gardée de lui avouer combien je m’étais délectée de tout le sel que ses lèvres avaient déposé sur le goulot métallique.
Le deuxième rapprochement fut encore plus délicieux. Un peu plus tard, dans l’ultime ressaut précédant le lac, sa main a saisi la mienne pour soi-disant m’aider à franchir la cascade tumultueuse qui nous barrait le chemin. Il a alors eu l’idée lumineuse de me pousser sous l’écume glacée.
La force de l’eau m’a coupé le souffle. En moins d’une seconde, j’étais trempée de haut en bas, des cheveux au T-shirt, en passant par les chaussures jusqu’au soutien-gorge et au coton de ma petite culotte. J’ai surpris un regard effronté posé sur le bout de mes seins qui n’étaient pas restés insensibles au froid tranchant.
Du haut de sa candeur, Damien a feint de s’excuser pour sa fausse maladresse. Il a plaqué ses grosses pattes d’ours sur mes frêles épaules. L’instant d’après, nous nous sommes embrassés comme jamais je n’avais embrassé. Une telle fusion, une telle ferveur, je n’en ai pas le souvenir. Comme si le fait d’être parfaitement seuls dans ce décor trop majestueux pour être vrai avait libéré une fougue contenue depuis une éternité.

J’ai parcouru les dernières pentes, les plus raides, en courant derrière lui, sans reprendre ma respiration. Si bien qu’arrivée tout là-haut, la tête me tournait ; mon cœur — peu entraîné à ce genre d’effort — battait à tout rompre. À peine le loisir d’admirer ce lac aussi bleu que promis, d’être captivée par les sommets déchirés qui le dominent, qu’il me désignait son rocher en contrebas du sentier.



Quand le Salon délivre


Écrivains en devenir, elle et lui participent au Salon du livre d'un petit coin de Suisse. Ils vont découvrir qu'au bout de l'ennui, une morne journée pouvait générer des déferlantes de plaisir. Elle et lui vont se retrouver après des années pour commémorer ce jour de joie(s) où leurs désirs avaient su brouiller les cartes autant que les esprits.

Extrait 1
Ils se faisaient face. Un mètre soixante les séparait, soit la largeur de l’allée réservée aux visiteurs.
Elle et lui, assis derrière une table d’écolier tout ornée de graffitis enfantins et parmi eux, une multitude de cœurs brisés.
Elle et lui ne s’étaient jamais rencontrés.
Elle et lui s’ignoraient jusqu’à ce jour. Seul un concours de circonstances avait permis de les réunir ou pour le moins, de les rapprocher.

Sans qu’ils aient eu voix au chapitre, leurs éditeurs les avaient inscrits au Salon du livre annuel de cette bourgade valaisanne. Il s’agissait pour leurs poulains d’assurer la promotion de leurs ouvrages respectifs. 
Pour elle, un soi-disant feel good book qui cachait en son sein une bonne dose de perversité pour qui s’amuserait à lire entre ses lignes. Pour lui, un roman qui se voulait noir comme pouvait l’être un polar noir auquel s’ajoutait une touche de magie… noire comme il se doit. Sauf qu’entre deux scènes de crimes glaçantes surgissaient à l’improviste des trésors de tendresse — il semblerait qu’on ne se refait pas.

Extrait 2
Vernon dépassait Marielle de deux têtes. La silhouette massive du régisseur semblait absorber celle de l’écrivaine. Il l’absorba.
Cependant qu’ils s’échangeaient à en perdre leur souffle, le premier des derniers baisers, ils se délestèrent de leurs vêtements. D’instinct, elle se saisit d’une chaise avant de choir sur le sol, retenue par les bras de Vernon, accompagnée par lui.
Il s’empara de sa chevelure à pleine main, lui dévora le cou avant le corps. Vernon ne lui faisait pas violence ; il exerçait naturellement sa puissance avec une douceur que personne n’aurait pu imaginer. Ils étaient désormais nus. Ils avaient un peu froid. Ils avaient surtout très chaud. Ils s’entremêlaient avec ferveur, se saisissaient l’un de l’autre dans une fougue jamais éprouvée jusqu’à ce jour de libération.





Une astrologue

On peut être astrologue et par défi vouloir grimper aux étoiles. Milena s’en va séduire les douze signes du zodiaque afin de révéler leur potentiel sexuel particulier. Bélier, Cancer, des clients prêts à jouer le jeu dans son cabinet des plaisirs. Ils écoutaient ses prédictions, mais ne demandaient qu’à succomber aux sirènes de sa sensualité.

Extrait 1
Afin de ne pas déroger à une règle qui se prétend universelle, sa grande histoire d’amour s’était mal terminée. Encore sous le choc, Milena avait d’ailleurs admis que celle-ci n’avait pas non plus commencé sous les meilleurs auspices.
Son divorce plus amer que brutal avait signifié la fin de ses illusions sur ce que valent les promesses de fidélité ou le prix du mot amour employé jusqu’à la nausée. Elle s’en était un peu voulu de n’avoir rien vu venir parce que pour une astrologue reconnue, ça la fichait plutôt mal.
S’étant juré qu’on ne l’y reprendrait plus et que sonnerait bientôt l’heure de la revanche sur le mauvais sort conjugal, elle avait échafaudé un plan.

Ainsi, seulement armée de son sourire de Mona Lisa et d’un joli grain de beauté inscrit au-dessus de sa lèvre supérieure, la jeune femme va s’engager dans l’ascension amoureuse des douze signes du zodiaque. Et bien sûr, elle va opter pour la face S. 
S comme Sexe.
S comme Sensualité.

Extrait 2
Ce que je lui ai raconté ? Tout ce qui me venait à l’esprit et qui pouvait servir mes desseins torrides. Je lui ai inventé des fables aux contours grivois qui parlaient de rencontres fortuites pimentées de sexe facile. Carlos n’a pas rougi ; il est devenu littéralement cramoisi. Ça en était tellement gênant que je m’apprêtais à renoncer à cette nouvelle conquête pour passer directement à la suivante. Dans cette situation inédite, je me suis surprise à éprouver des scrupules. Devant cette retenue, à quoi bon vouloir lui ouvrir les portes du paradis et surtout, de quel droit ?

Et puis, sans prévenir, son œil a pris une brillance trouble. L’instant d’après, j’ai perçu une vibration intense le parcourant de bas en haut. D’instinct, ma main a lâché la sienne pour se poser là où visiblement tout se passait. Je reste persuadée qu’il a susurré un si ou peut-être un oui de confirmation. Mais en la circonstance, c’est peut-être le fruit de mon imagination par trop féconde.

"Maintenant, lève-toi" 
Qu’a-t-il bien pu me traverser l’esprit pour lui intimer un tel ordre, même à voix basse ? 






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