Comment devenir guerrier Massaï



Comment devenir guerrier Massaï
Eric Gilberh (son blog)
ArHsens Editions - 2011

À première vue c'est loin d'être une sinécure et pourtant, devenir guerrier MassaÏ relève de l'évidence vitale.
Pour qui veut se faire une idée du chemin à parcourir, il suffit de lire ce roman tragi-comique où l'absurde tient lieu de planche de salut à celui qui est parvenu sans s'en rendre compte - bien mal lui en a pris - jusqu'au niveau 50 de son existence. Gabriel Poussin (celui qui dit "Je") reçoit dans les dents un méchant retour de bâton de ses années d'errances. Au bout du manche de la cognée on retrouve sa femme et son probable, improbable amant. Le gars est par ailleurs un vieux camarade de Gabriel, du genre "alter" mais pas du tout "égo" tant notre héro souffre de la comparaison. Ils sont là réunis pour lui obscurcir définitivement l'horizon, pour lui arracher des mains les dernières illusions qu'il pouvait entrevoir sur sa nature humaine...


Il aura cinquante ans dans quelques heures et sa vie lui explose joyeusement à la gueule. Assis dans la quiétude trompeuse de son abri de jardin secret, il n'en perçoit plus que l'incomparable médiocrité. C'est une rotule qui le torture sans discontinuer, c'est un couple en apnée prolongée, c'est une carrière qui n'a jamais vraiment commencée. Plongé dans le noir, il imagine déjà les deux autres dansant gaiement sur l'ombre de son cadavre. Et c'est précisément dans le noir qu'il retrouvera la lumière et peu importe qu'elle soit blafarde. Peu lui importera aussi l'odeur pestilentielle d'une vieille bête au pelage poisseux.
Ce qui compte désormais, c'est le chemin à parcourir en compagnie d'un magnifique compagnon, un chemin de Damas qui commence dans une camionnette en bord de Seine.
Eric Gilberh est le gars de l'autre coté de la plume, il la manie avec dextérité, vélocité, férocité; il la trempe souvent dans l'ironie de la vie. C'est une écriture qui jubile et son bouquin se lit d'un seul trait, tel son Gabriel sifflant ses bouteilles millésimées.

extrait:
Et c'était bien lui.Jean -Antoine Barnabé.L'ami d'enfance qui vous colle aux basques tout au long de votre vie.Plongé dans son ombre charismatique de vos huit à vint-trois ans .Amoindri par son bagout,son aura et sa prestance,vous avez passé quinze ans à vous sentir plus nain qu'un Playmobil ,avant de prendre vos distances géographiques.Entre temps,il vous a piqué trois de vos petites amies,et , aujourd'hui,en secret;votre femme en pince pour lui.Elle ne l'avoue pas ,mais vous le savez.Fils de pute.(...) L'Antéchrist de mon existence bien rangée.

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