Rudy (Bennett) can't fail


Rudy (Bennett) can't fail

Rudy can't fail…
Et son cœur qui fait Clash.
Et c'en est terminé d'un grand homme du basket-ball.

C'était il y a trente ans, nous naviguions dans les tréfonds du championnat de nationale 3, je n'avais plus pour horizon que le carrelage froid, le carrelage blanc cassé qui nous faisait face.
C'était à la mi-temps d'un match mal embarqué, mon coéquipier et avant toute chose, mon coach, s'était assis à mes cotés, nous étions seuls à seuls dans le vestiaire "visiteurs" de Chalon sur Saône.
C'est maintenant et j'ai envie de me raccrocher à ses mots, au visage de ce magnifique passager noir, chevalier blanc d'une saison si lointaine, adolescente, une saison en totale perdition.
Plus de deux mètres d'homme m'avaient rejoints sur un banc d'intimité. Ce jour là, Rudy Bennett, m'avait parlé. Je ne me souviens pas s'il avait mis sa main sur mon épaule - je ne sais plus - mais il s'était penché, il avait posé sa voix placide tout près de moi, tout contre moi.

Sur le terrain j'avais sombré, j'avais fait mon gamin tout bouffé par l'émotion. Je crois que j'étais encore étranglé par des vagues de larmes, que je ne parvenais pas à émerger d'un brouillard si épais qu'il m'avait coupé les jambes après m'avoir dévasté la tête.
Rudy avait la voix douce de ceux qui ont traversé pas mal de fleuves et pas des plus paisibles. Il m'avait peut-être pris par l'épaule pour apaiser le jeune moi égaré dans le noir de cet instant là.
Il s'était un peu raconté.

Dans sa jeunesse universitaire, on lui avait jeté des pièces de monnaie sur un triste terrain de Louisiane, ils avaient imité le singe, il ne s'était pas démonté.
Bien plus tard, Il avait joué une finale de coupe d'Europe avec un doigt cassé devant dix mille, vingt mille supporteurs fanatiques, déchainés. Ils avaient eu beau hurler à sa perte, il ne s'était pas démonté.
"C'est cool, Il n'y a pas de problème, ce n'est rien qu'un match de basket."
De quelle espèce de bois sommes nous donc faits?

En novembre, le sien a fini par craquer.
Rudy, c'est trop tard pour les regrets. Rudy Bennett, il y a longtemps, je l'ai laissé passer.
Et pourtant, l'aura de ce type formidable continuera de flotter au-dessus de moi.

E.T.


Une vidéo où l'on voit Rudy dans ses oeuvres en 1973, là.





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