Afin que "Perse" le mystère (ballade Irlandaise)

Killarney 1976 - Roman - Joël Macron


Afin que "Perse" le mystère (Ballade Irlandaise)


Lorsque Joël Macron ouvre un carton, il en tire bien plus qu'un banal lot de souvenirs à épousseter. Il nous transporte en l'espace de quelques lignes jusqu'au cœur de l'Irlande de 1976, si proche avec ses paysages aux couleurs immuables, si loin en regard d'une époque largement révolue. Mais ce "voyage de retour" ne saurait s'arrêter là…

À travers ce court roman en pleins et surtout en déliés, le lecteur partira à la recherche d'un temps perdu et d'un autre qui pourrait se révéler à lui. Sur les pages de Killarney 1976,  la nostalgie pointe un peu partout, souvent à fleur de peau. C'est d'abord la douce nostalgie des amis d'avant, ceux d'un printemps de la jeunesse où les pubs minuscules sont des havres de paix (intérieure). Dès qu'il s'écarte de la lande et de la houle, le récit nous rappelle ou nous apprend beaucoup du contexte politique d'une époque où Giscard était au pouvoir et frayait sans complexe avec un Shah… tyran.

C'est d'ailleurs du côté de la Perse que Killarney emprunte une autre voie, celle d'un roman exploratoire, d'une fable qui nous parle de pays lointains, d'OVNI inexplicables et de phénomènes inexpliqués. Pour cela, il fallait un messager, un personnage haut en couleurs qui embrasse les souvenirs autobiographiques de l'auteur alors jeune assistant de français. Ce sera Mano, Iranien de passage à Killarney. Mano, c'est l'homme protée par excellence : savant presque universel, activiste politique, aimable compagnon de route, pygmalion sur les bords et enfin, guide éclairé des mystères de l'univers. On s'attache d'emblée à ce personnage éthérée qui se mêle aux réalités plus terre à terre du narrateur. C'est la figure même de l'"étranger" qui peut marquer le cours d'une vie.

Killarney 1976 est une fausse histoire vraie à moins que ce ne soit l'inverse. C'est une chronique humaniste faite d'entrelacs entre le présent et le passé, entre les souvenirs réels et inventés, entre la physique quantique, la géopolitique, les mondes parallèles improbables et l'amitié la plus tangible. L'agencement très subtil de l'ensemble en fait un roman original tant par sa construction que par son propos.

Dommage qu'il y ait comme un léger sentiment d'inachevé à la lecture de cette escapade irlandaise, l'impression de rester à quai en voyant le ferry s'éloigner en même temps que les étoiles... filer.
Reste qu'une fois ouvertes, les boîtes à souvenir(s) de Joël Macron se lisent d'un trait - du trait de sa plume alerte – et qu'il est vraiment bon de les savourer.

Commentaires

  1. Quand c'est aussi bien écrit, avec cette plume alerte et vigilante, on ne peut qu'applaudir : merci pour cette analyse toute en finesse et en subtilité, et un grand merci !

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